Héritier des savoir-faire de la haute joaillerie, de l’ébénisterie et des Beaux-Arts, Martin Spreng laisse ici et là sur ses bijoux des clins d’oeil à son parcours. Par exemple, sa technique héritée d’un ancien atelier munichois par l’intermédiaire de son père, symbolisée par le poinçon d’atelier, la petite chèvre, qu’il conserve
. Ou bien par cette manière d’envisager les bijoux comme il envisageait le design au sein du collectif Xylos dans les années 81/2011, et dont sa manière d’associer les matières semble directement issue.
Cependant, et c’est une caractéristique de Martin Spreng, il aime veiller au cadre de ses origines pour mieux le dépasser. Lorsqu’il transcrit une mélodie pour décorer une alliance, c’est en gravant carrés et rectangles à la manière de la notation graphique des Klavierstücke de Stockhausen.
Et s’il utilise volontiers or, argent et pierres précieuses, il aime les mettre en valeur en les apposant au titane, à ses infinies nuances et son aspect plus brut d’une part, mais aussi à sa légèreté rendant les bijoux plus faciles à porter. Harmonie de l’usage, du sens, de l’esprit et de la matière.
Les créations de Martin Spreng ne sont jamais figuratives, mais tout comme chez les peintres de l’abstraction lyrique, elles ne cessent d’évoquer la nature, dans ses dimensions cosmiques, terriennes ou biologiques. Martin Spreng propose le fruit de sa propre contemplation du monde, dans une approche poétique proche de celle de Ralph Waldo Emerson dans son fascicule “La Nature”.
C’est certainement une des raisons pour laquelle il se dégage des bijoux de Martin Spreng un profond lyrisme : richesse des formes, jeux des confrontations (couleurs, formes, styles, richesse), moteurs d’émerveillement en même temps que d’une certaine dramaturgie.